
« Pourquoi j’ai les boules à ce point? Et puis d’abord, pourquoi je dis ça alors qu’en vérité, j’en ai pas des boules…J’ai des seins, des tripes et des glandes… mais pas des boules. Pourquoi je suis enragée à ce point? Jetée dans le grand bain sans mode d’emploi, roulée dans la farine, larguée sans amarres…
Et pourtant, j’y crois ! La Vie, j’y crois. C’est sûr. Sinon j’aurais passé l’arme à gauche, tourné la page..Zou… Bye, bye, à la revoyure! Non, vraiment, je suis bien obligée d’avouer que je crois au mystère, à la magie, à la beauté,et même un peu au bonheur. Parfois, je le sens juste là… L’émerveillement! Ça me fait monter les larmes. Et c’est dur, parce que j’aime pas trop pleurer… Pleurer, c’est la fragilité. Dans ce monde les faibles se font manger pas vrai?
En vérité, j’ai peur… Peur de passer à coté parce que je ne me suis pas autorisée à vivre ce que je suis. Oui, mais qui je suis ? me direz vous, cher Docteur Watson… Et bien, je serais tentée de répondre que j’en sais pas grand chose… Qu’il y a sûrement un truc de l’ordre de « un être sensible, rempli de désirs, d’amour et de la nécessité d’exprimer et de partager » mais que, clairement, ça fait pas tout. En tout cas, je sais que le fait de rien capter me fait bouillir les tripes.
Ce que je sais, c’est qu’il est temps de remuer le couteau dans la plaie, appâter la Bête au risque qu’elle griffe ou qu’elle morde. Oui, il est l’heure de faire sortir les monstres… Mes chers, mes beaux, mes maladroits, mes malheureux, mes fragiles et mes puissants monstres d’humanité. »
Princesse Querelle






Le clown dans La Tou Ménerv’ Cie :
C’est un voyage dans sa propre matière vivante, une découverte et une redécouverte sans fin de ce qui est, là, dans l’instant.
C’est un jeu où l’on est en charge d’établir des règles qui nous amusent vraiment. Exactement comme le font les enfants lorsqu’ils s’inventent leurs univers.
C’est un plaisir intense de transgresser, flirter avec ses limites, s’engouffrer dans des états sans se soucier de la chute, s’empêtrer dans les conflits.
C’est une tragédie d’être humain, tout aussi puissant que faillible.
C’est un espace de libertés multiples, où chaque créature a le droit d’être dans sa pleine démesure.
C’est un joyeux traitement des émotions par l’humour et la bêtise.
C’est la jubilation de partager tout ça avec le public, de donner à voir ce qui est vivant, sans concessions.
Adeline Raynaud